Travailler en réseau, est-ce fait pour moi ?
Le monde vétérinaire évolue, c’est un fait. La dernière décennie a notamment vu apparaître en France et ailleurs des réseaux de cliniques vétérinaires. Fantasmés ou décriés, de quoi s’agit-il exactement ?
Qu’est-ce qu’un réseau vétérinaire ?
Basé sur le modèle anglo-saxon, un réseau est un ensemble de cliniques vétérinaires travaillant sous le même nom avec des valeurs communes, des protocoles et des standards de qualité définis pour tous. Il ne s’agit pas d’une franchise puisque le site appartient au réseau. Le personnel vétérinaire y travaille en tant que salarié ou collaborateur.
Pour qui sont fait ces réseaux ?
Un réseau est préférentiellement fait pour le vétérinaire qui apprécie le travail d’équipe, tout en conservant une certaine autonomie lui permettant de travailler seul également. Il est adapté pour les jeunes diplômés qui recherchent une structure où l’échange et l’accompagnement est habituellement de mise. Cela favorise une formation « sur le terrain » avec des vétérinaires expérimentés de différents horizons, qui en retour feront en sorte d’être à l’écoute des besoins et apports de la jeune génération.
Le modèle de travail en réseau permet également aux vétérinaires intéressés une évolution vers des postes à responsabilités managériales ou vers l’association. Les réseaux vétérinaires peuvent également représenter une solution pour un vétérinaire qui souhaite un accompagnement vers un changement de vie ou pour envisager un départ à la retraite, dans une nouvelle dynamique. Ce modèle de pratique vétérinaire peut donc convenir au vétérinaire qui aime bouger, évoluer, rencontrer de nouvelles personnes et qui pense que l’esprit d’entreprise a sa place dans la sphère vétérinaire.
À l’heure actuelle, avec les difficultés de recrutement présents dans la profession vétérinaire, un des avantages du réseau est de pouvoir offrir plusieurs types de poste et de toucher ainsi un plus grand nombre de profils.
Pourquoi travailler en réseau ?
Travailler en réseau permet de mutualiser les compétences, les moyens et outils ainsi que les synergies. Cela facilite l’échange à grande échelle autant d’un point de vue médical mais également en termes de management, de stratégie, de législation ou de comptabilité.
En effet, le réseau permet de travailler selon une répartition des rôles en s’appuyant également sur des professionnels non vétérinaires intégrés dans des services de comptabilité, de ressources humaines, législation, de communication ou d’informatique. Libéré des contraintes de gestion et d’administration, le praticien peut donc se consacrer à son art vétérinaire.
En termes de moyens, le poids d’une entreprise en réseau a également plus d’impacts sur les négociations, facilitant l’accès à du matériel adapté, des formations ou des services plus difficilement accessibles pour des praticiens plus isolés. Dans une entreprise en perpétuelle évolution, la synergie créée par le groupe permet d’évoluer et de proposer de nouveaux services.
Comment fonctionne un réseau ?
Dans la plupart des réseaux, les différentes structures sont regroupées en grappe géographique. Chaque clinique est animée par un responsable de site et l’ensemble des responsables de site d’une même grappe est encadré par un directeur régional qui est le lien entre les cliniques, le siège social et les associés.
Le siège social concentre les compétences professionnelles extérieures, il permet un appui dans le rôle managérial mais également des compétences pas ou peu enseignées lors du cursus vétérinaire comme le droit du travail, la comptabilité ou les négociations avec les fournisseurs. Ce travail d’équipe permet une évolution constante dans le paysage vétérinaire, en pleine mutation et participe également à réduire l’isolement professionnel.
Dans le cadre de cette organisation, le besoin de résultat est évidemment nécessaire. Il se concrétise par la transparence des tableaux de bord, la mise en place d’objectifs financiers et la formation à la rentabilité de la pratique vétérinaire.
Avantages du fonctionnement en réseau ?
La mutualisation des moyens permet d’accéder à un niveau d’équipement intéressant, même en création et une meilleure rentabilisation du matériel. L’accès à la formation est également facilité et l’échange de compétences, dû au grand nombre de membres, est encouragé.
De manière plus pragmatique, l’évolution de la société y trouve sa place : offres de salariat plus large, adaptation au mode de vie, mutation, féminisation de la profession, partage de main d’œuvre, accès à des évolutions de poste, esprit d’entreprise…
Dans un autre registre, le vétérinaire qui s’essouffle seul (ou avec ses associés) dans son quotidien trouvera le plus souvent en rejoignant un réseau, un appui et une façon de dynamiser son travail et son équipe. Cela permet une transition avant un départ à la retraite ou une évolution de vie, tout en pérennisant la structure vétérinaire créée.
Enfin, le réseau cherche à développer une forme de convivialité en proposant des formations, des échanges mais également des moments plus décontractés comme des séminaires ou des activité de team building.
Inconvénients du fonctionnement en réseau ?
Pour le vétérinaire qui intègre un réseau après plusieurs années de travail indépendant, il peut y avoir un sentiment de perte de liberté de décisions, des négociations et des contacts avec les partenaires.
Par ailleurs, la nécessité de s’adapter aux protocoles et à des méthodes de travail différentes peut représenter un obstacle pour un vétérinaire qui intègre un réseau. Pour un jeune diplômé, il peut avoir peur de la rigidité du réseau, de la demande de résultats, des évolutions rapides et des responsabilités associées. Une forme d’autonomie pourra lui être rapidement demandée.
Dans les pays où la présence des réseaux est plus ancrée qu’en France, la cohabitation entre les réseaux vétérinaires et les praticiens indépendants perdurent sur le long terme. Aux Etats-Unis par exemple, les réseaux ont été créé il y a plus de 60 ans (dès 1955 pour Banfield).
Or, à l’heure actuelle, 50 % des vétérinaires travaillent en réseau aux USA selon les éléments issus de la thèse de Lucie Lemonnier soutenue en 2014 à l’ENVA.
Au final, la pratique en réseau est faite pour des vétérinaires qui veulent évoluer, qui acceptent plus volontiers de confronter leurs expériences et leurs acquis, en collaboration avec l’ensemble du groupe.
Le campus sur les réseaux