Le modèle des « corporates » : un modèle d’avenir
Les cliniques vétérinaires sont traditionnellement la propriété d’un ou plusieurs vétérinaires qui y travaillent.
Ce modèle n’est d’ailleurs pas spécifique au monde vétérinaire : il a longtemps été le modèle dominant des hôpitaux et cliniques, des dentistes, des ophtalmologistes, mais aussi hors du secteur de la santé : des opticiens et de la plupart des fournisseurs de services.
Dans un grand nombre de ces secteurs dits “fragmentés”, le modèle a évolué. Une large proportion de cliniques et d’hôpitaux privés sont maintenant regroupés au sein de grandes sociétés spécialisées dans les services de santé, elles-mêmes propriété de fonds d’investissement.
Le même type de “corporates” existe dans les secteurs de la médecine dentaire, l’ophtalmologie ainsi que, par-delà le monde de la santé, dans la plupart des secteurs de service. Bien souvent, ce modèle coexiste avec des structures plus traditionnelles, chacun s’adressant à des clientèles dont les attentes sont différentes.
Dans le monde vétérinaire, les premières “corporates” de grande ampleur se sont développées aux Etats-Unis. Banfield, comprenant aujourd’hui près de 1 000 cliniques spécialisées en animaux de compagnie, y a été fondé en 1955. Tout comme VCA : Veterinary Clinics of America, Banfield appartient au groupe Mars PetCare.
En Europe, l’entrée des corporates dans le monde vétérinaire a vraiment accéléré dans les 10 dernières années au Royaume-Uni.
Fin 2018, plus de 50 % des cliniques pour animaux de compagnie en Grande Bretagne appartiennent à ces groupes. Une proportion non négligeable des cliniques en porc, ruminant et même volaille appartiennent également à ces corporates chez nos voisins outre-manche.
Depuis trois ans, plusieurs corporates actives au Royaume-Uni explorent les opportunités de croissance en Europe continentale.
Cet intérêt s’est déjà traduit par l’achat d’Evidensia, une corporate déjà présente en Scandinavie, Finlande, et minoritairement en Allemagne et Pays-Bas. Le groupe IVC-Evidensia possède maintenant environ 1 000 cliniques en Europe et a récemment annoncé une nouvelle levée de fonds d’1.5 milliards de dollars, pour poursuivre son développement.
D’autres corporates telles que CVS, également originaire du Royaume-Uni, ont traversé la Manche pour s’étendre aux Pays-Bas. Aujourd’hui, environ 20 % des cliniques pour animaux de compagnie dans ce pays font partie de corporates.
Enfin, Mars PetCare, propriétaire de plusieurs corporates aux Etats-Unis, a racheté au-cours des derniers mois Linnaeus (près de 100 cliniques au Royaume-Uni) et Anicura, une corporate du nord de l’Europe qui appartenait jusqu’alors à un fond d’investissement scandinave.
Pourquoi un tel attrait du secteur vétérinaire ?
Nous avons vu en introduction que la consolidation des marchés fragmentés est une tendance déjà confirmée dans de nombreux secteurs économiques, y compris la santé. Les corporates y recherchent principalement des opportunités de croissance et en second des économies d’échelle.
À travers ces corporates, les investisseurs répètent sur le marché vétérinaire ce qu’ils ont déjà opéré dans d’autres secteurs de la santé.
Le marché vétérinaire est particulièrement attractif aujourd’hui : une croissance régulière mondiale à la fois en animaux de compagnie et de production, des clients propriétaires d’animaux qui paient directement contrairement à la santé humaine où les systèmes de santé et les assureurs interviennent, des marges de progression par exemple via la transformation de la relation vétérinaire-propriétaire d’animaux grâce aux outils digitaux.
En outre, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Scandinavie, la pénétration des corporates a été facilitée par la démographie des vétérinaires : un grand nombre de vétérinaires dans ces pays cherchent à vendre leur clinique au moment de la retraite, alors que l’intérêt des jeunes vétérinaires pour investir et devenir propriétaire tend à diminuer.
À la fin 2018, les corporates vétérinaires sont en concurrence pour augmenter leur part de marché dans les pays européens, aux Etats-Unis. Certaines ont même montré un intérêt pour le Brésil. Les récents rachats et nouveaux investissements, notamment en Europe, illustrent que l’intérêt des investisseurs continue d’augmenter.
Enfin, la dynamique du monde vétérinaire au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Scandinavie jusqu’à maintenant a été plutôt favorable à leur expansion.
Le campus sur les réseaux