Attentes des étudiants vétérinaires vis-à-vis de leur avenir professionnel – Vetfuturs Junior Lyon
Source : Vétofocus
LES ATTENTES DES ÉTUDIANTS VÉTÉRINAIRES VIS-À-VIS DE LEUR AVENIR PROFESSIONNEL – VETFUTURS JUNIOR LYON – WAUQUIER Thérèse – 07/03/18
Enquête effectuée par l’équipe de VetFuturs Junior Lyon en 2017
Introduction
Dans le cadre du projet VetFuturs, l’équipe étudiante de VetAgro Sup a effectué une enquête auprès des étudiants vétérinaires pour identifier les attentes et désirs des futurs praticiens à l’horizon 2030 afin de faire un état des lieux et tenter d’apporter certaines réponses à la profession.
L’équipe de VetFuturs junior Lyon était composée de 10 étudiants, de la 2e à la 5e année (en 2017) et encadrée par Luc MOUNIER, enseignant à VetAgro Sup. Le sujet que nous avons choisi de traiter est venu du fait nous souhaitions apporter notre point de vue étudiant au projet VetFuturs.
Conscients du problème de recrutement que connaît aujourd’hui la profession vétérinaire, mais aussi des idées préconçues sur les étudiants et les jeunes sortants, nous nous sommes intéressés à nos camarades souhaitant être vétérinaires praticiens et nous avons abordé avec eux plusieurs points tels l’avenir des futurs vétérinaires praticiens : le type de pratique, le type de structure, le modèle économique, la qualité de vie…
Nous avons interrogé les étudiants sur leurs souhaits à la sortie de l’école mais également en 2030. Notre questionnaire a été diffusé dans les 4 écoles vétérinaires françaises, mais aussi dans la faculté vétérinaire de Liège et celle de Cluj-Napoca en Roumanie.
Nous avons reçu plus de 1300 réponses exploitables. Le résultat de notre travail a été présenté lors du congrès national de l’Ordre des Vétérinaires le 10 novembre dernier à Nancy et l’intégralité de l’enquête est disponible ici.
Stratégie de communication
Souhaitant obtenir un maximum de réponses afin d’être le plus représentatifs possible, nous avons choisi de développer une communication importante dans les écoles, spécialement à VetAgro Sup. Nous avons organisé une conférence pour faire connaître le projet VetFuturs aux étudiants lyonnais où Pierre BUISSON, Denis AVIGNON, Jean-Marc PETIOT et Luc MOUNIER sont intervenus.
La diffusion du questionnaire s’est faite en ligne et a été l’occasion d’organiser un concours entre BDE qui nous a permis de récolter plus de 600 réponses supplémentaires. Nous avons aussi été actifs sur les réseaux sociaux via notre page Facebook) et des posts sur Linkedin), où nous avons relayé toutes nos actions et interventions.
Résultats
Au total 1356 personnes ont répondu à notre questionnaire et 1233 réponses ont été exploitées. Parmi l’ensemble des réponses, 210 proviennent de la faculté de Liège et 41 de l’Université de Cluj-Napoca. Parmi les répondants, 75,5% sont des femmes et la moyenne d’âge des répondants, qui correspond aussi à la médiane, est de 23 ans.
D’autre part, 83,2% souhaitent travailler en clientèle à la fin de leurs études et 92,2% d’entre eux se voient encore praticiens en 2030 « Les jeunes ne veulent plus faire de clientèle ! ». Voilà ce que nous entendons depuis notre arrivée en école vétérinaire.
Effectivement, si près de 20% des répondants affirment ne pas vouloir exercer en clientèle à la sortie de l’école, nous pouvons constater que la grande majorité des répondants souhaite quand même devenir vétérinaires praticiens.
- 60% des répondants envisagent un internat. Année de pré-spécialisation effectuée après l’année d’approfondissement, l’internat est de plus en plus plébiscité des répondants. Les raisons principales qui poussent les étudiants à envisager l’internat sont : « perfectionner les connaissances et compétences généralistes », « prendre confiance », « avoir de meilleures opportunités d’embauche ». Ce souhait est sans doute à relier avec un manque de confiance des étudiants à la fin de leurs études et une arrivée sur le marché du travail perçue comme difficile.
- Aussi, 37% des répondants intéressés par l’internat envisagent de faire un résidanat. Parmi ceux qui envisagent de faire un internat, 75% envisagent de le faire dans une ENV et 66% dans une structure privée. Pour aller plus loin, 12,3% des répondants se voient spécialistes (titulaires d’un Board du Collège Européen), ce qui est une proportion bien plus importante que ce que la profession connaît actuellement. Une forte tendance à la spécialisation au sens large est donc à retenir. Malgré ce désir de spécialisation, 71% des répondants souhaitent être vétérinaires généralistes tout en ayant un domaine de compétences plus approfondi.
- 32,5% des répondants souhaitent avoir une pratique mixte rurale et 30,3% souhaitent travailler en canine pure à la sortie de l’école. De plus, si l’on s’intéresse à la totalité des types de pratiques souhaités à la sortie de l’école, la moitié des répondants souhaitent exercer en rurale (soit en mixte, couplée avec un ou plusieurs autres types de pratiques, soit en rurale pure).
- 67,8% des répondants se voient libéraux en 2030 et 6% salariés. La grande majorité des étudiants souhaitent aboutir à un statut de vétérinaire libéral en 2030, soit entre 5 et 10 ans environ après leur sortie d’école. Le salariat n’est finalement pas tant plébiscité par les étudiants malgré ce qu’on entend parfois dire.
- Les structures petites et moyennes sont les plus attirantes et les futurs praticiens ne se voient plus travailler seul. 48,7% des répondants souhaitent travailler dans des structures avec entre 1 et 3 ETP vétérinaires et 44,1% dans des structures pouvant accueillir entre 4 et 8 ETP vétérinaires. On constate aussi que seulement 1% des répondants souhaitent travailler seul en 2030. L’image d’Épinal du vétérinaire seul dans sa structure semble donc avoir définitivement disparue !
- Les répondants sont favorables au travail en réseau. Plus de 97% des répondants se déclarent favorables au travail en réseau, principalement concernant le partage de connaissances et les gardes.
- Près de 90% des répondants considèrent l’ouverture du capital à des non-vétérinaires comme un risque. Les répondants pensent que les investisseurs financiers non-vétérinaires porteraient leur intérêt davantage sur l’aspect économique plutôt que son aspect médical et déontologique et que ce fonctionnement serait finalement nuisible aux vétérinaires exerçant dans ce type de structures : perte de prises de décision, indépendance et liberté d’action.
- L’avis sur le low-cost est mitigé. Plus de 70% des répondants voient le développement des cliniques vétérinaires low-cost comme un risque pour la profession. A noter que 25% considèrent cependant le low-cost comme « plutôt une opportunité ».
- Seuls 8% des répondants envisagent de travailler moins de 35h. Le temps partiel n’intéresse que peu de nos répondants. Ils envisagent pour la plupart de travailler entre 35 et 50h par semaine, hors gardes.
- 88% des répondants pensent faire des gardes en 2030. Si la grande majorité des répondants se voit faire des gardes en 2030, ces gardes devront être réparties entre les différents vétérinaires de la structure ou du réseau : ils envisagent pour la plupart un soir de garde par semaine et un week-end par mois.
- La majorité des répondants est au fait de la convention collective. 54% des répondants estime pouvoir gagner entre 2000 et 3000€ nets mensuels à la sortie de l’école, ce qui est compatible avec l’échelon 2 de la convention collective si on y ajoute des gardes.
- 45% des répondants aspirent à gagner plus de 4000€ nets mensuels en 2030. A noter dans ces résultats que les femmes sont globalement moins ambitieuses que les hommes, mais cela peut être aisément corrélé au temps de travail désiré en 2030.
Conclusion
Ces résultats apportent peut-être un début de réponse à certaines questions que la profession vétérinaire se pose aujourd’hui, cependant les pistes d’ouverture sont nombreuses et beaucoup de questions restent à poser à la future génération de vétérinaires concernant leur vision de la profession et de l’avenir.
Il est certain que la profession vétérinaire va connaître de nombreux changements, notamment concernant les nouvelles technologies et l’intégration de ces dernières, toujours plus poussées, à la médecine que nous pratiquons au quotidien. Les attentes de la clientèle évoluent elles aussi, et il semble pertinent de nous former à toutes ces problématiques (pas si nouvelles que ça !) lors de notre formation initiale.
Nous avons conscience que le métier de vétérinaire ne se cantonne pas uniquement à l’exercice de la médecine et des animaux : nous serons aussi amenés à devenir des chefs d’entreprise innovants et proactifs. Ces changements sont inévitables, à nous de nous y adapter et de les anticiper pour en tirer profit.
Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui nous ont permis de porter ce projet à son terme, ainsi que VétoFocus pour le relais de notre étude.
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